3 classes participent à la 30e édition du Prix Bayeux 2023 des correspondants de guerre

Lundi 9 octobre 2023, deux classes de seconde ont voté pour le Prix Région Normandie des lycéens et apprentis catégorie Reportages TV. Madame Vallée, professeur d’Histoire-géographie, en collaboration avec Madame Ditsouga, professeur documentaliste, a engagé ce projet pour sa classe de seconde C qui s’est rendu aux archives départementales de Saint-Lô. Madame Poignant, professeur documentaliste et Madame Alexandre, professeur de lettres ont inscrit la classe de seconde E pour participer à ce prix en distanciel au lycée. Les deux classes ont visionné les 10 reportages en compétition, voté et rencontré un grand reporter : Marine Courtade était aux Archives pour échanger avec les élèves et Karen Lajon avait enregistré une interview réalisée par des lycéens.

La classe de 2MGATL de Monsieur Hardel, professeur de lettres-Histoire-géographie, a travaillé à partir de la sélection des 20 photographies d’actualité de l’AFP "Regard des jeunes de 15 ans" avant de se rendre à Bayeux le 10 novembre pour la visite des expositions grandeur nature.

Voici le compte rendu de la participation des élèves de seconde C de Mme Vallée

Tout d’abord, dix reportages sont diffusés dans une salle similaire à un amphithéâtre : sept portent sur la guerre en Ukraine, les trois autres sur la situation des réfugiés maliens au Niger, les atrocités des soldats érythréens au Tigré, la mainmise des gangs à Haïti (Mila-Rose, Albin, Auzias).

  • « Tous ces pays sont dans des situations conflictuelles. Ces reportages nous montrent la vie difficile des soldats sur le front et celle des populations qui subissent ces conflits qui engendrent des pertes (matérielles, humaines) » (Hugo, Gabin).
  • A l’issue de la projection, nous avons voté pour notre reportage favori en nous appuyant sur une grille d’évaluation élaborée à partir de 4 critères : « intérêt, cohérence, qualité technique, coup de cœur » (Lucien).
  • Le reportage sur les « Black Tulip, groupe de résistants ukrainiens qui se rend sur le front de la guerre opposant la Russie à l’Ukraine pour déterrer, retrouver ou identifier les corps de soldats ukrainiens morts sur le champ de bataille » suscite particulièrement l’intérêt de Nino. « Cela permet aux familles des victimes de pouvoir donner à leurs proches décédés une cérémonie et un enterrement convenables. Ce reportage m’a particulièrement marqué car les membres de ce groupe risquent leur vie et se rendent sur le front pour une cause altruiste, et par les risques qu’ils prennent pour leur patrie. Le choix des images et des moments de danger pour les reporters était également très bien choisi. » Axel partage son opinion, qualifiant ce reportage comme « le plus triste et bouleversant », tout en insistant sur le « courage inouï » de ces hommes.
  • Certains de leurs camarades préfèrent le reportage « Sur l’Ukraine, ligne zéro » car « il nous montre la guerre d’artillerie pure et dure et le stress permanent que vivent les soldats » (Benjamin, Colin, Antoine, Galiam). Maxence justifie ainsi son choix : « Ce reportage montre les soldats sur la ligne de front dans les tranchées pour se cacher des bombardements russes qui peuvent arriver de partout. Celui-ci m’a touché car on voit un jeune soldat, qui devrait profiter de la vie, en train de risquer sa vie à longueur de journée pour le bien de son pays, et aussi car il rigole alors qu’il peut se faire tuer d’une minute à l’autre, ce qui montre la violence d’une guerre qui fait perdre toute raison d’être aux hommes. » Léonis de conclure : « la guerre n’est pas qu’un champ de bataille délimité, mais aussi un événement traumatique ».
  • Cependant, c’est un autre reportage qui remporte le plus de suffrages dans la classe. « L’histoire de « Ces rugbymen devenus frères d’armes » nous a touchés. Dans cette équipe, ils sont amis depuis leur enfance, cela montre la volonté et la solidarité des Ukrainiens pour défendre leur peuple et leur pays » (Gabin, Hugo). Swann, Mélanie, Coleen Valentine et Camille renchérissent sur « l’importance de la camaraderie et de la solidarité dans les situations difficiles. Les joueurs de rugby ont dû faire face à des épreuves et des dangers extrêmes pendant la guerre, mais ils ont toujours pu compter les uns sur les autres pour se soutenir et se protéger. Cette fraternité forgée sur le terrain du rugby s’est avérée essentielle pour leur survie et leur moral pendant les moments les plus sombres. » Maxence, Hugo, Lukas et Théo sont aussi sensibles à cette « cohésion, mais également aux risques auxquels ces hommes sont confrontés et à leurs conditions de vie ». Mira-Rose précise qu’« Ils sont cachés dans une cave et tentent d’envoyer des drones lance-grenades faits par eux-mêmes pour, peut-être, débusquer des soldats russes. Quand la pression retombe, ils jouent au rugby, se retrouvant comme avant, tous ensemble, autour du ballon de rugby. Ils se connaissent depuis longtemps, c’est donc plus compliqué de faire face aux blessures et à la mort causées par la guerre. J’ai trouvé ce reportage vraiment touchant et j’ai beaucoup aimé que les soldats soient montrés pour une fois comme des êtres humains comme les autres. » Hugo et Gabin ne manquent d’ailleurs pas de souligner qu’« n voit la dureté des combats car, même si c’est leur drone qui part au combat, ils sont quand même exposés aux tirs ennemis. Sur leur visage, on arrivait à distinguer les marques de fatigue, cernes et yeux rouges. »

Dans un second temps, les élèves ont apprécié de pouvoir échanger avec une reporter, Marine Courtade, qui a émaillé ses réponses de nombreuses anecdotes.

  • Elle a commencé par se présenter, ce qui a permis, notamment à Lucas, Basile et Paul, de « découvrir et comprendre son métier » et ses motivations. Elle souhaite ainsi s’immerger dans d’autres cultures, comprendre de plus près un conflit, l’humain.
  • « Elle ne voulait pas, en tant que journaliste, rester derrière un bureau. Elle est en freelance, elle peut donc travailler avec différents médias, des chaînes télévisées comme Arte ou France24, ainsi qu’avec des radios, France Culture ou Radio France. Elle privilégie les sujets de société à l’étranger, qui ne lui sont donc pas imposés, principalement sur les femmes et les crimes sexuels de guerre, viols, atrocités (Gabin, Hugo).
  • Elle explique qu’un reportage de 30 minutes requiert entre 3 jours et 3 semaines de préparation, 10 à 15 jours sur le terrain et autant pour le montage, du lever au coucher du soleil. Elle doit vérifier ses sources, les croiser, rester rigoureuse face à la propagande et aux fake news.
  • Maxence remarque qu’« elle voulait être sur le terrain et utile pour ramener des actualités des autres pays aux Français, que ce métier comporte énormément de risques et que sa plus grande crainte, en tant que femme, c’est le viol. »
  • Maxence, Hugo, Lukas et Théo notent qu’en Centrafrique, « elle a cru mourir lorsqu’elle s’est retrouvée encerclée par 70 hommes armés. » Sa vigilance doit être permanente pour assurer sa protection et celle des personnes qu’elle rencontre ou avec qui elle travaille.
  • Son immersion au sein de la police talibane en Afghanistan a retenu l’attention de Maxence, Hugo, Lukas, Théo. « Lors de son arrivée, en Afghanistan, elle craignait le comportement des Talibans, vus comme des brutes, des monstres. Mais elle a été surprise car les Talibans rient entre eux, font des blagues. Ils restent des hommes mais avec une autre idéologie. »
  • Martin, Nathan, Guillian relèvent aussi les difficultés liées à son « reportage sur les passeurs, faute de témoins osant se présenter devant la caméra », ou au « choix - primordial -, des traducteurs, du fait que certains sont peu fiables et douteux, ce qui peut aggraver une situation. »
  • Swann, Mélanie, Coleen, Valentine et Camille sont, de leur côté, conquises par cette « reporter passionnée dont le parcours a été marqué par des expériences uniques et des rencontres inoubliables, comme celle d’une mère ukrainienne qui était dans la détresse de retrouver son fils disparu […] et avec laquelle elle avait tissé des liens forts, son histoire l’ayant touchée. »
  • Ses proches acceptent avec plus ou moins de facilité son absence et les risques qu’elle court. Nolhan rappelle, en effet, que les reporters « doivent souvent prendre l’avion et ne plus voir leur famille pendant un certain temps ». Mila-Rose ajoute que Marine Courtade « a un code pour la mettre au courant si elle est en danger », quand elle lui parle sous la contrainte et qu’il faut réagir.

En conclusion, les élèves ont jugé cette après-midi « très enrichissante », à la fois pour l’éclairage qu’elle leur a offert sur des situations conflictuelles, plus ou moins médiatisées, mais aussi sur l’importance du travail de reporter auquel ils ont été particulièrement sensibilisés. Reprenons ainsi, pour finir et garder en mémoire, cette citation de Lucien : « Le Prix Bayeux, créé en 1994, est un événement annuel destiné à rendre hommage aux journalistes qui exercent leur métier dans des conditions périlleuses pour nous permettre d’accéder à une information libre. »

La classe de seconde C

Partager

Imprimer cette page (impression du contenu de la page)